Sempiternelle question que chaque chasseur a dû se poser lors de l’achat d’une carabine neuve. Procédure élitiste et inutile pour les uns, indispensable pour les autres, analysons les tenants et
les aboutissants de la pratique afin d’en déterminer la nécessité.
Un canon neuf et malgré tout perclus d’aspérités
L’analyse à l’endoscope de l’intérieur d’un canon neuf fait prendre conscience immédiatement de l’intérêt d’un rodage. Les zones de prise de rayures ainsi que les angles de bordure de ces dernières sont particulièrement propices à la découverte de bavures dues à l’une des étapes d’usinage du canon. Aussi microscopiques soient-elles, ces aspérités sont autant de pièges qui lors du passage du projectile vont lui retirer de sa matière et la stocker, créant au fil du temps des « blessures » tout à fait néfastes à la précision.
Mieux vaut prévenir que guérirLe principe même d’un rodage de qualité est de gommer par la force du temps et des passages alternatifs de projectiles ces fameuses aspérités nuisibles. Pour ce faire, il y a une erreur à ne pas commettre : laisser le cuivre qui chemise votre projectile s’accumuler dans ces points sensibles. Il vous faudra ainsi procéder par étapes, sans en négliger aucune.
Patience et longueur de temps valent mieux que force et rage
Quelques boîtes de balles « FMJ » bon marché, un écouvillon en bronze, un peu de détergent nettoyant pour canon et… quelques heures, c’est tout ce dont vous aurez besoin ! Si plusieurs techniques sont recevables, le principe, lui, reste le même : « user » les aspérités sans pour autant « encrasser » le canon de dépôt de cuivre. Il vous faudra pour cela alterner tir avec nettoyage. Un rythme particulier semble porter ses fruits : il s’agit de commencer par le tir d’une munition suivi d’un nettoyage avant de doubler le nombre de tirs entre chaque passage d’écouvillon (1 tir/1 nettoyage, 2 tirs/1 nettoyage, 4 tirs/1 nettoyage, et ce, jusqu’à avoir tiré idéalement une soixantaine de munitions). Lors des séquences de tirs supérieures à 4 munitions, veillez à laisser refroidir le canon environ une minute culasse ouverte entre chaque tir, afin de ne pas le « flamber ».
Une fois ce processus effectué, quelques tirs « d’emplombage » seront nécessaires pour obtenir la précision optimale du canon. Si cela vous paraît rébarbatif et peut-être inutile en tir de chasse, soyez sûr que votre arme (souvent très chère !) donnera le meilleur d’elle-même après cette simple opération.