Les raticides anticoagulants sont des poisons très largement utilisés pour la lutte contre les rongeurs. Ils sont ainsi commercialisés sous près de 1 000 noms déposés en France. L'ingestion par des chiens de ces poisons, qu'elle soit accidentelle ou malveillante, engage souvent le pronostic vital de l'animal. Pour améliorer ce pronostic, il faut réagir vite. Encore faut-il savoir reconnaître les premiers signes d'intoxication si l'on n'a pas vu l'animal ingérer le toxique.
Une seule ingestion d'appâts toxiques suffit à provoquer l'intoxication. Cependant cette intoxication est quasi-nulle lors d'ingestion d'un rongeur intoxiqué car les résidus sont très faiblement présents. Ce poison provoque des hémorragies en diminuant la capacité du sang à coaguler par son action anti-vitaminique Kl. Ces hémorragies peuvent être facilement visibles, on retrouve alors du sang dans les excréments, les urines, les vomissements. L'animal peut présenter des saignements de nez spontanés. Les signes hémorragiques peuvent parfois être plus discrets (oculaires, sous-cutanées comme les pétéchies et les hématomes) voire invisibles (toux en cas de saignement pulmonaire, boiterie en cas de saignement articulaire).
Des signes généraux sont toujours associés à ces troubles hémorragiques : L'animal est léthargique, prostré et ne s'alimente pas. Son cœur bat plus vite et il respire plus rapidement. Ses muqueuses gingivales sont pâles voire blanches à cause de l'anémie induite par les hémorragies.
En l'absence de traitement, l'animal meurt en une semaine. Lorsque l'ingestion a été observée et qu'elle date de moins de 3 heures, il est impératif de se rendre au plus vite chez le vétérinaire afin de faire vomir le chien.
Passé ce délai, ou lorsqu'il doute que la totalité du poison ait été expulsé, le vétérinaire met en place un traitement spécifique à base de Vitamine K1, d'abord par injection intraveineuse ou par voie trans-rectale puis en comprimés pendant une durée variable.
La durée du traitement va varier selon sa génération.
1/ La première génération d'anticoagulants (Coumafène, Coumatétryl, Chlorophacinone) persiste 1 à 2 semaines dans l'organisme 2/ La deuxième génération (Difénacoum, Bromadiolone) persiste 2 à 3 semaines 3/ La troisième (Bro-difacoum, Diféthialone, Flocoumafen) persiste 3 à 5 semaines.
Il est de ce fait très important lorsqu'on le peut, de communiquer le nom du principe actif ingéré par le chien au vétérinaire afin d'adapter au mieux la durée du traitement qui sera d'au moins 3 semaines.
En cas de doute ou si le type d'anticoagulant n'est pas connu, le traitement est poursuivi 5 semaines.
En plus du traitement à base de Vitamine K1, certains chiens comme ceux dont la prise en charge médicale a été plus tardive peuvent nécessiter une transfusion sanguine pour compenser les pertes sanguines liées aux hémorragies.
Les rechutes sont fréquentes. D'abord parce que l'observance est mauvaise puisque le traitement est long et fastidieux mais parfois aussi à cause des vomissements ou d'une nouvelle intoxication.
Et le lait ? Pour finir, tordons le cou à une vieille croyance... Non, le lait n'a jamais guéri un chien intoxiqué aux raticides anticoagulants. Si le chien n'est pas mort en l'absence de traitement, c'est que la quantité de poison ingérée était trop faible par rapport au poids de l'animal. La dose létale varie de 0,3 à 300 mg/kg. Encore une fois tout dépend de la génération du toxique ingéré.
La transfusion sanguine chez le chien : La transfusion de sang frais total est le type de transfusion le plus fréquent en France pour nos animaux. Cela signifie que dans la plupart des cas, le donneur est prélevé au moment où le receveur a besoin d'une transfusion. Les principales indications sont l'anémie et les troubles de la coagulation comme lors d'intoxication aux anti-vitamines K1.
Le chien possède 8 groupes sanguins et comme pour les transfusions sanguines humaines, il est préférable que donneur et receveur soient compatibles. Mais contrairement aux humains, rares sont les chiens dont les propriétaires connaissent le groupe sanguin. Des tests de laboratoire appelés crossmatching majeur et mineur permettent au vétérinaire de vérifier la compatibilité ou plutôt de s'assurer de l'absence d'incompatibilité entre le donneur et le receveur.
Une telle incompatibilité pourrait provoquer une réaction transfusionnelle avec destruction des globules rouges transfusés et même un choc allergique de type anaphylactique. Les risques sont cependant moins grands lorsque le chien reçoit sa première transfusion car il y a de grandes chances qu'il soit «naïf» vis-à -vis du groupe sanguin du donneur.
Mais les risques augmentent très nettement si le chien reçoit une deuxième transfusion plus de 5 jours après la première car son organisme aura alors eu le temps de s'immuniser (comme avec un vaccin) contre les globules rouges du donneur qui ne sont pas de son groupe.
Il est très important de noter dans le carnet de vaccination de l'animal qu'il a déjà subi une transfusion sanguine afin que son sang soit typé s'il en nécessite une seconde. Les réactions transfusionnelles surviennent dans 5 à 10 % des transfusions chez le chien.