Les chasseurs de la session de formation premier secours du 29 octobre. | Source : ouest-france.fr
Sous la houlette de Raymond Mortier Dorian, président des chasseurs du syndicat de la Basse-Loire, trois sessions de formations sont proposées aux chefs de ligne et aux traqueurs, soit environ trente personnes.
- Le formateur, un ancien militaire qui plus est chasseur, sait de quoi il parle et peut de ce fait mettre l’accent sur les blessures par balle. Mais cette formation balaie tous les aspects des premiers secours : de l’hémorragie à la perte de connaissance, de l’arrêt cardiaque à la pratique des massages ou l’utilisation d’un défibrillateur. - « Le but est de donner les outils pour que les personnes soient aptes à réagir, explique Raymond Mortier Dorian. D’autant que ces chasseurs évoluent dans un milieu difficile, au nord de la Loire, dans les roselières dans un secteur d’Indre et à Donges, catalogué par la préfecture comme une zone noire pour les espèces invasives. Leur mission spécifique de régulation du sanglier les conduit quelquefois à des situations compliquées où seul le bateau ou l’hélicoptère peuvent venir les assister en cas de blessures. » - Raymond Mortier Dorian souhaiterait que l’ensemble des sociétés de chasse s’empare de ce sujet de formation aux premiers secours.
Malgré la campagne de chasse bashing actuelle (campagne anti-chasse), et malgré tout ce qui se dit, le nombre d’accidents de chasse n’a jamais été aussi bas. En 20 ans, les chasseurs ont réduit le nombre d’accidents de 50%. Des réformes sont en cours afin de continuer à améliorer la sécurité à la chasse, aussi bien pour les chasseurs eux mêmes que pour les non chasseurs.
Parmi celles-ci, il en est une qui semble remporter l’unanimité. Il s’agit de la mise en place de formations aux premiers secours destinées spécifiquement aux chasseurs. Peut être même qu’un jour on les proposera dès le passage du permis de chasse (Comme c’est le cas par exemple depuis janvier 2018 pour les nouveaux permis de conduire). Personne n’est à l’abri d’un accident. Être formé aux premiers secours est un geste citoyen, qui permet à chacun de savoir comment y faire face. Nous, chasseurs, sommes souvent dans des milieux naturels spécifiques et isolés (forêts, étangs, montagnes), difficilement accessibles aux secours. Nous portons des armes et leur mauvais usage est potentiellement dangereux. Savoir bien réagir en cas d’accident peut être vital dans nos passions.
L’équipe de Chasse Passion s’est donc tout naturellement décidée à faire un focus sur les premiers secours à la chasse en rédigeant une série de trois articles :
Celui-ci
Un focus sur l’entreprise « MTP », spécialisée dans le monde des armes et des premiers secours
Un sur la société « Icône Graphique » spécialisée dans le matériel et la documentation des premiers secours humain et canin.
Les premiers secours et leurs spécificités à la chasse Les bons reflexes : A chaque fois que l’on part a? la chasse, il est bon et important de prévenir ses proches du lieu précis où l’on compte se rendre, ainsi que de l’horaire auquel on estime rentrer. (C’est d’ailleurs une précaution élémentaire qu’il est bon de généraliser à toute sortie dans un milieu éloigné !) Vous pouvez envoyer ces informations dans un SMS, ou encore laisser un mot sur le frigo. Si vous êtes accompagné, n’hésitez pas à donner les noms ainsi que les numéros de téléphone des personnes qui vous accompagnent. Par exemple : « je suis parti chasser à…. je serai au mirador N°… David Dupont m’accompagne… Son numéro est le 06 60…. »
Quelques outils élémentaires :
Un téléphone chargé !!! La communication est essentielle en cas de problème même bénin et la téléphonie moderne a révolutionné cette problématique.
Une trousse de secours est aussi une bonne idée (tout en oubliant pas qu’avoir du matériel sans savoir sans servir ne vous prémunira de rien). Un bon kit médical doit toujours être sur vous, cela veut dire être assez léger pour que vous ne le laissiez pas à la maison, ni dans la voiture dans la mesure du possible. Avec, par exemple un pansement compressif, un garrot artériel qui puisse stopper un saignement massif, des gants jetables (qui peuvent aussi vous protéger quand vous transporter un renard ou videz un sanglier), de quoi traiter la bobologie, du gel désinfectant et une pince à épiler pour les échardes et les tiques. L’idée principale : avoir peu de matériel, très polyvalent et dont vous savez très bien vous servir !
Avoir sur soi un papier récapitulant ses antécédents médicaux, son groupe sanguin, le numéro de ses proches… bref toutes les informations utiles en cas de problème !
Les bons réflexes à avoir en cas de problème (Cet article n’a pas pour vocation de remplacer une formation) Le BABA des premiers secours c’est : Protéger – Alerter – Secourir !
Protéger : évitez le sur-accident Quoi qu’il se soit passé, si vous vous blessez en secourant une personne, vous ne serez plus apte à l’aider et il y aura 2 victimes à gérer. Donc, on analyse et on stoppe le problème. Par exemple, on écarte l’objet du délit : couteau, arme, véhicule allumé… Et on balise les lieux.
Alerter : « Je suis… je vois… je demande… » Le numéro universel des urgences en Europe est le 112 ! Si vous devez n’en retenir qu’un, retenez celui-là. Il marche partout et vous permet dans tous les cas d’accéder aux bons services de secours ! Décrivez qui vous êtes et surtout où vous vous trouvez le plus précisément possible, puis décrivez votre problème et vos besoins. Sachez que les secours sont déjà partis alors que vous parlez, alors prenez votre temps pour bien décrire les faits. N’oubliez pas : ce sont eux qui vous diront de raccrocher.
Secourir : les bons gestes Votre travail ? « Emballer et expédier » ! C’est un peu cru, mais c’est la vérité. On aide, on soutient le blessé, on le sécurise et on lui permet de tenir jusqu’à sa prise en charge par l’équipe médicale une fois à l’hôpital. N’oubliez pas : « L’avenir de la victime appartient à celui qui pose le premier pansement. » Sa vie, la lourdeur des séquelles à venir sont en jeu.
Que faire ? Il s’agit ici d’un récapitulatif, là encore ça ne remplace pas une formation – poser un garrot, par exemple, ne s’improvise pas, et les conséquences d’une mauvaise pose peuvent être dramatiques ! En cas de saignement :
comprimer la plaie
allonger la victime
appliquer un pansement compressif
si le saignement est massif et que la pose d’un garrot est possible : pose du garrot-tourniquet ! Poser le garrot au dessus d’une plaie, serrer jusqu’à l’arrêt complet du saignement ! Notez qu’en cas d’objets dans une plaie, il ne faut pas le retirer au risque d’augmenter le saignement.
Effectuer un « wound packing » ou méchage (saturation de gaze dans la plaie lors d’une rupture de l’artère fémorale au niveau de l’aine par exemple).
En cas de plaie par balle : Elles occasionnent des chocs, plaies graves et hémorragies. Il y a un point d’entrée et de sortie…
il faut traiter l’hémorragie
les obstructions qui peuvent se faire au niveau des voix respiratoires du au fluide ou éclat au niveau de la face…
traiter l’éventuel pneumothorax (l’air entre mais ne ressort pas entrainant une compression du cœur).
traiter le choc soutenir la victime, évaluer son état, la protéger du froid (une victime qui a froid saigne plus…)
Bref, les balles de chasse sont faites pour tuer ! Les blessures qu’elles occasionnent sont extrêmement graves. Survoler leurs traitements dans cet article serait irresponsable ! Formez-vous auprès de professionnels qualifiés, c’est notre recommandation.
En cas de chute, choc, foulure, fracture… Notez qu’on ne sait s’il y a fracture qu’avec une radio.
En cas de chute de grande hauteur (type mirador) il faut toujours penser qu’il y a un risque d’atteinte du rachis, il faut donc éviter les déplacements.
Éviter d’une manière générale de mobiliser la partie atteinte et tenez compte de la douleur de la personne en cas de nécessité de déplacement.
En cas d’arrêt cardiaque : La victime ne répond pas, ne réagit ET ne respire pas (sauf si gasps)
se munir d’un défibrillateur si possible (rare en pleine nature)
faire un massage cardiaque (alternance de 30 compressions thoraciques et 2 insufflations / bouche à bouche)
Moins directement relié à la chasse mais bon à rappeler : En cas de perte de connaissance : La victime ne répond pas, ne réagit pas mais respire :
mettre en PLS (Position Latérale de Sécurité) pour permettre à la victime de respirer normalement.
En cas d’obstruction / étouffement : En cas d’obstruction totale où la respiration est impossible, la victime est consciente mais en peut ni parler ni tousser :
Mettre des claques entre les omoplates avec le talon de la main ouverte. Effectuer une manœuvre de Heimlich (compression abdominale).
En cas de malaise : L’important ici est de bien vérifier de quel type est le malaise, en sachant que deux cas sont particulièrement à traiter en urgence vitale :
le malaise cardiaque : douleur intense dans la poitrine, oppressante, angoissante qui peut se propager à la mâchoire, au bras…
L’AVC (Accident Vasculaire Cérébral) : faiblesse ou paralysie d’un bras, déformation de la face, perte de vision et de l’équilibre, incohérence, mal de tête puissant…
En cas de brûlure :
faire un cooling (refroidissement de la zone brulée avec de l’eau tempérée)
Voilà… Un homme averti en vaut deux ! Quand on connaît les gestes qui sauvent, quand on est équipé, quand on est prêt… on avance et on pratique avec plus de sérénité ! Bonne chasse en toute sécurité !