Les chroniques de Maître Terrin
Mercredi 26 Septembre 2018
Les chroniques de Maître Terrin :
Pour Fudji, le chien incendié dans un champ de maïs
Maître Isabelle Terrin est avocate et se bat pour faire valoir les droits des animaux devant les tribunaux. Parmi ses clients, il y a Fudji, un chien brûlé vif par une femme qui vient d’être condamnée à 2 ans de prison, dont 1 avec sursis.
Hier soir j’ai regardé le ciel, et j’ai vu une étoile qui brillait plus que les autres. On va dire que c’était la tienne, Fudji. Mon bon pépère, tu es parti, et nous a laissé K.O. debout tellement ta souffrance a été extrême. Une barbarie venue du fond des âges, une mise à feu immonde, dans ces champs de maïs où, sans comprendre, tu t’es transformé en une torche vivante.
Et cette photo, comment ne peut-elle pas habiter nos cauchemars les plus terribles, toi, le beau chien loup, réduit à être l’ombre de toi-même, une loque, une plaie vivante.
Tu as été bien soigné, mais la barbarie a gagné, encore une fois.
- Mais je veux que tu saches qu’à Châlon ils étaient 20 et cent, et plus encore devant le palais, une marée humaine qui se massait pour toi, que pour toi. Et ils ont arpenté les rues en scandant ces mots forts, qui demandaient justice en ton nom, des mots de tendresse aussi, Fudji. Comme pour Chevelu, c’était un appel de la rue, une longue rumeur qui prenait sa source dans le cœur des gens, qui se répandait, un cri, une soif, une supplique pour qu’il te soit rendu justice. Et on pouvait lire ton nom sur les panneaux, où y était écrit : « on t’aime Fudji, on ne t’oubliera pas ».
- Il faut dire qu’on croyait la barbarie du supplice de la mise à feu révolue, aux oubliettes d’un sadisme ancien, impossible à exercer dans une société qui se targue d’être civilisée. Eh bien, non. Venue du fond des âges, et de celui de la jalousie d’une femme cruelle, elle t’a frappée. Là, dans les champs de maïs, elle t’a d’abord aspergé de liquide inflammable, et elle craqué une, deux, trois, quatre et c’est à la huitième allumette que tu t’es enflammé. Elle a eu 7 chances d’arrêter. Huit fois sur le métier elle a remis son ouvrage monstrueux, s’est acharnée, et a gagné.
- Beau toutou, ton calvaire va servir la cause de tes frères et sœurs de misère qui attendent dans le couloir sinistre de l’indifférence, et qui ont aussi ployé ou cédé sous la main cruelle de l’homme.
- Mais à Châlon/Saône, la justice est passée, et dans la construction de l’édifice vers plus de droits pour les animaux, tu marqueras une avancée par une pierre blanche.
Oui, Fudji, j’ai été heureuse et fière d’assurer ta défense, dans une salle pleine à craquer, j’ai égrené ta souffrance, mais aussi ta loyauté, ton amour inconditionnel pour les humains, ta pureté.
Maître Isabelle Terrin
Avocate
Publié par : wamiz.com
Mercredi 13 juin 2018 Justice pour Cookie, petite chatte défenestrée deux fois
Maître Isabelle Terrin est avocate. Dans ses chroniques pour Wamiz, elle revient sur les affaires de cruauté animale qui ont marqué l’actualité, et sur l’histoire des animaux qu’elle défend. Aujourd’hui, elle nous parle de Cookie, cette petite chatte innocente, victime de la barbarie humaine.
Je veux vous parler de Cookie, petite chatte bordelaise, mi gouttière mi Siamoise, de son minois avec une zébrure sur le nez, son air espiègle, son coté facétieux, ses mimiques, ses jeux qui ont transporté la Toile pendant des mois.
Cookie était un ange, qui a vécu un enfer, et a été défenestrée deux fois du quatrième étage de l’appartement où elle vivait. Et il a dû s’en passer dans le huis clos de cet appartement, je n’ose pas y penser tant Cookie a souffert, et lutté comme une guerrière pour poursuivre sa vie.
La nuit de la Saint-Sylvestre, alors que le monde entier se régalait d’agapes, Cookie luttait, se raccrochait à la lumière de la vie, souffrait mais voulait encore voir le soleil, sentir les caresses qu’elle avait découvertes auprès de Sophie, sa salvatrice, les gratouilles, les bonnes pâtées, et le bonheur immense qui réchauffe le cœur, celui d’être enfin aimée. Et Cookie a gagné une bataille, a vécu quelques mois et a connu cette douceur de vivre.
Et pendant que Cookie renaissait de ses cendres, la Justice piétinait, renâclait, puis classait le dossier sans suite, de manière consternante. Engorgement des tribunaux, mépris vis-à-vis de l’animal, peu me chaut les motivations, car elles n’ont pas de sens.
« Faire une loi et ne pas la faire exécuter, c'est autoriser la chose qu'on veut défendre », disait le Cardinal de Richelieu, et c’est tellement vrai.
Illustrations source : wamiz.com
Et la réalité devait rattraper la fiction d’un monde où les victimes s’en sortiraient. Elle est tombée comme un poids, une réalité suffocante de douleur, et castratrice d’espoirs déçus. Car celle qui a tant lutté a fini par succomber, comme une victoire de la vilenie sur la pureté, de la malfaisance sur l’innocence. Après un combat courageux de quelques mois, Cookie a rendu les armes, et nous ne verrons plus ses beaux yeux bleus nous regarder à travers un écran, ses papouilles et ses doudous…
Quelle tristesse, j’ai tellement pleuré, je le confesse.
Mais surtout que la Justice ne pense pas que le départ de notre emblème puisse faire oublier son calvaire, et la nécessité absolue de lui rendre Justice, car je ne veux pas vivre dans un pays où des individus jettent des chats par les fenêtres en toute impunité. Je ne veux pas vivre dans un pays, où la Justice s’arc-boute et donne un « permis de torturer » à des humains qui vont et viennent librement, sans doute fiers de leur forfait, se sentant invulnérables car au-dessus des lois, prêts peut-être à recommencer envers d’autres êtres sensibles, sans défense et innocents. Non, cela n’est pas possible. La loi doit être appliquée, et le ou la tortionnaire de Cookie rendre des comptes devant des Juges.
C’est mon credo, celui de faire appliquer la loi lorsque des magistrats sont rétifs. J’y travaille, c’est devenu le sens d’une carrière, une volonté inébranlable de les protéger par l’arsenal de la légalité.
Et pour Cookie, nous sommes allés jusqu’à Bordeaux, devant le Tribunal de Grande Instance et la Cour d’appel, crier notre volonté de voir appliquer en France l’article du code pénal tel que créé par le législateur.
Et le combat continuera, car il s’inscrit dans la légalité, et dans l’intérêt supérieur de la cause animale, et dans celui plus particulier de cette jolie petite chatte, qui n’en a pas fini de hanter la Toile, et nos esprits. Il est certain que Cookie avait quelque chose à nous dire. De là où elle se trouve elle diffuse son message qui s’est peut-être mué en supplique : celui de plus de Justice pour les animaux.
Plus que jamais je veux qu’elle ait sa justice. Je le lui ai promis, et même si c’est un animal je sais qu’elle a compris. Je sais qu’elle attend.
Justice pour Cookie.
Maître Isabelle Terrin - Avocate
Publié par : wamiz.com
Jeudi 10 Mai 2018 Pour Néo, chiot de 9 mois euthanasié par complaisance
Avocate des animaux, je les défends contre des maltraitants qui commettent à leur encontre des actes cruels, sévices ou des négligences graves, comportements que la loi réprime par une peine allant jusqu’à 2 années de prison.
Mais dernièrement, pour Néo, un chiot Setter de 9 mois, l’affaire s’est présentée différemment. Sa mise à mort ne procédait pas d’un acte de délinquance, honni et réprouvé. Néo a été tué de manière affreusement douce, sournoisement préméditée et sans effusion de sang. Dans le cabinet d’un vétérinaire il a été mis fin à sa vie par l’injection d’un liquide létal, à l’image des condamnés à mort aux Etats-Unis, dans les états qui ont conservé la peine capitale.
Mais qu’a donc fait ce bébé de 9 mois, né sourd de surcroît, pour mériter le châtiment suprême ? C’est sur ce délicat sujet que je me suis penchée. Et je n’ai pas trouvé de réponse, ni juridique dans les codes ou moteurs de recherche, ni factuelle dans le dossier. Plus je lisais, et regardais les photos de ce magnifique chien, et moins je trouvais de raison à son départ brutal, programmé, administré.
J’ai alors décidé de faire convoquer les deux devant la Justice, et la maîtresse qui a voulu la mort, et le vétérinaire qui a adhéré et l’a donnée. Ce sera une des premières fois que le délicat sujet de l’euthanasie de complaisance sera débattu en justice, et j’ai bien senti que cela secouait le landerneau vétérinaire. Tant mieux.
Il y avait d’autres solutions que l’euthanasie
Je défends Néo, et pour moi son droit à la vie était intangible. Et même si ce chien était fougueux ou brusque, le tuer était la dernière chose à envisager. Il y avait des solutions, forcément, certes plus coûteuses ou compliquées, mais tout doit être tenté avant l’irréversible
Et tandis que je rédigeais cette assignation, déployant mes arguments en faveur du droit à la vie de Néo, je pensais à lui, son image habitait mon esprit et je me demandais si au moment de la trahison suprême il était monté sur la table de ce vétérinaire confiant et en remuant la queue, ou s’il s’était douté, avait compris …
Pauvre petit, depuis son paradis, il entendra peut-être nos joutes verbales dans une salle d’audience. Car je voudrais qu’il soit acté par jugement que le droit à la vie de ce chien était dans la balance de la Justice bien supérieur au confort de l’humain. Qu’il soit dit et jugé que l’animal a des droits, et le plus fondamental d’entre tous qui est le droit de vivre.
Les juges saisis peuvent faire progresser la cause, en condamnant la maîtresse de Néo, et son bras vétérinaire armé d’une seringue. Je rêve d’un jugement qui le dise.
Je me battrai pour ça. Pour que Néo ne soit pas mort pour rien.
Maître Isabelle Terrin
Avocate
Publié par : wamiz.com
Le 8 Avril 2018 Pour les 7 chiens abandonnés par un berger
Salsa chienne abandonnée berger - Illustration source : wamiz.com
Avocate, Maître Isabelle Terrin revient dans cette chronique sur la mort de 7 chiens, abandonnés par un berger.
- « L’enfer n’existe pas pour les animaux, ils y sont déjà » disait le grand Victor Hugo, très protecteur des animaux.
Malheureusement cette phrase ne s’est pas démentie et un siècle plus tard les animaux sont toujours en France cruellement traités, sans que cela suscite de réaction indignée de la part de notre Justice.
Il y a toutefois des frémissements positifs. Une voie s’est ouverte par le procès du chat Chevelu, martyr dracénois, qui a su réveiller nos consciences, et c’est dans son sillage que je poursuis pour défendre ses frères et sœurs d’infortune.
C’est ainsi que j’évoquerai la mémoire de 7 chiens devant le même tribunal, peut-être dans la même salle où le 15 septembre 2017 a été jugé, condamné, et incarcéré le « meurtrier » de Chevelu. Un petit « clic » de menottes salutaire, pour une grande cause.
Un symbole fort que de retourner le 13 avril à Draguignan, comme un pèlerinage, une nouvelle audience dédiée à un autre calvaire vécu cette fois par sept chiens morts du comportement indigne et irresponsable de l’homme.
Les chiens sont morts de faim et de soif
Monsieur X était berger, et, voulant cesser ses activités, a vendu son troupeau négociable en monnaie sonnante et trébuchante. Il travaillait avec des chiens qui surveillaient les bêtes, mais qui eux n’étaient pas convertibles en devises. Alors, il les a laissés, abandonnés sur le terrain, car devenus inutiles, comme il aurait laissé des outils, des objets, des déchets.
Quelques temps plus tard, c’est un spectacle apocalyptique d’horreur et de désespoir qui se dessinait dans ce champs et sur cette terre autrefois accueillante, le lieu de travail et de vie de ces chiens fidèles, qui ont attendu, espéré le retour de leur maître, et sont morts d’espoir déçu, de déshydratation et de dénutrition.
Une chienne n'a pas réussi à mettre bas
Pauvres bêtes. 7 âmes animales, pures, dévouées, qui ont eu rendez-vous avec une mort terrible de souffrances physiques mais aussi psychologiques. Attendre, et ne rien voir venir. Un abandon cruel surtout pour Salsa, cette chienne si jolie, qui outre la faim et la soif, n’est pas arrivée à mettre bas. Elle a été retrouvée agonisante avec un petit à ses côtés. Emmenée en urgence chez le vétérinaire, elle avait trois bébés morts in utero. Salsa, la mère courage, qui voulait vivre avec Etoile son petit, mais il était trop tard.
Salsa, Etoile et les cinq autres. Sept vies prises, confisquées.
Comment peut-on laisser ses chiens crever comme ça, la gueule ouverte, sans s’en inquiéter, sans y penser ? Comment être insensible à la souffrance extrême qu’on leur inflige alors qu’on les a utilisés, et qu’ils ont été de bons et loyaux serviteurs ? Comment ne pas avoir plus d’empathie envers des êtres vivants et sensibles qui vous ont aimé ? Autant de questions qui seront posées dans l’hémicycle du tribunal de Draguignan à ce berger au cœur de glace qui devra répondre de ses actes.
Minable humain qui court après ses sous, obnubilé par le profit, l’appât du gain, et laisse de côté, sur la route dangereuse et cruelle de l’indifférence ses anciens et fidèles compagnons.
Pour eux, j’irai. Je les évoquerai tous les sept. Leur pureté, leur combat pour vivre, et leur fin atroce. Pour eux j’irai. Il faut que le tribunal entende la complainte des chiens abandonnés, et décédés, et j’aimerais que l’homme responsable soit là, et baisse les yeux. Je voudrais qu’il ait honte. Que le tribunal lui fasse entendre la souffrance qu’il a engendrée, gratuite, qui a entraîné le décès honteux dans la trahison et la douleur de 7 êtres vivants et sensibles innocents de tout.
Je rêve d'une peine forte
Et il faudra bien que le tribunal, celui-là même qui a jugé le meurtrier de Chevelu condamne. Le parquet demandera une peine, après que j’ai évoqué la mémoire des chiens. Et la défense aura la parole en dernier, comme dans tout procès.
Et je rêve d’une peine forte qui soit à la hauteur des souffrances de Salsa, ses petits, et les 2 autres chiens, qui ont franchi le pont de l’arc en ciel, mais que je ferai revivre une dernière fois dans un prétoire, comme un hommage à leur vie trahie, comme une nécessaire mise en relief de leur souffrance injuste pour que le tribunal entende leur voix à tous les sept, celle de la partie civile.
Maître Isabelle Terrin
Avocate
Publié par : wamiz.com
Le 30 janvier 2018 Pour Sky, le chien tué à bout portant sous les yeux des policiers
Sky - Illustration source : wamiz.com Maître Isabelle Terrin est avocate. Sensible à la cause animale, elle se bat au quotidien pour défendre les animaux devant les tribunaux et faire appliquer la loi. Dans ses chroniques pour Wamiz, elle revient sur ses combats pour les droits des animaux et les affaires en cours. Aujourd'hui, elle nous parle du procès du Chien Sky, tué à bout portant.
J’ai dernièrement défendu un chien du nom de Sky qui avait été tué à bout portant. Il est effectivement au ciel, et je fais cet article en sa mémoire, car les juges ne m’ont pas entendue, et n’ont pas entendu la détresse de sa famille. Un chien, juste un chien, entend-t-on si souvent, comme s’il y avait une imposture à ce que le monde animal s’invite dans les prétoires.
Et pourtant, la loi existe même si elle est timorée. Pour avoir tué Sky d’un coup de fusil, l’homme qui comparaissait s’exposait à une amende d’un montant maximal de 1 500 €. Selon la loi française, c’est le prix de la vie de Sky, et de tout « animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité à qui on donne la mort sans nécessité ».
Pour risquer plus, il faut se montrer cruel et infliger sévices ou actes barbares… Je reviendrai dans une prochaine chronique sur ce paradoxe de la loi qui a été conçue par l’homme, pour l’homme, dans une sorte de nombrilisme juridique, et sans égard pour l’animal dont la vie est ce qu’il a de plus précieux.
Une balle entre les deux yeux
Un renvoi devant le tribunal de police était donc en soi conforme au texte, mais les circonstances du « meurtre » laissaient perplexe. Appelés par des voisins, les policiers étaient là le jour du drame, et ont tenté d’empêcher l’homme d’accomplir son dessein meurtrier en le sommant de baisser son arme. Aveuglé par la haine, ces appels au calme ont été de nul effet, et Sky a fait les frais de cet acharnement.
Une balle entre les deux yeux, pauvre chien si beau et si gentil, dont le souvenir n’a pas habité plus que ça cette salle d’audience, et dont la vie tragiquement écourtée n’a même pas été évoquée lors de l’instruction du dossier par le juge.
Le jour du procès
Il était pourtant un chien magnifique, gentil et jeune, qui avait devant lui une vie à passer dans une famille aimante, avant de croiser le chemin de l’individu qui comparaissait par devant le tribunal de police. Sûr de lui, sachant que le maximum encouru était de 1 500 €, Il était là confiant, presque fier de son forfait, un peu inquiet quand même dans cette enceinte de justice où les drames s’égrènent à l’infini.
Sa maîtresse, Maeva était là aussi, avec toute sa famille, qui avait perdu un des leurs, le chien aimé de tous qui vivait avec eux. Et tous étaient venus pour que le prévenu qui avait ôté la vie à leur compagnon à quatre pattes soit condamné, que la Justice passe, au nom de Sky et de son droit à la vie, et au nom de leur douleur.
Sky - Illustration source : wamiz.com
Tuer pour le plaisir de tuer
Et ce fut notre tour, et dans une ambiance moite, saturée, le président a évoqué la mise à mort de ce pauvre chien tué d’une balle alors que des forces de l’ordre présentes avaient sommé l’individu de ne pas faire feu.
- Lorsque la parole me fut donnée, celle de la partie civile, j’ai souligné, qu’au-delà de la perte de Sky qui ne méritait pas de mourir, le comportement du prévenu interpellait dans la mesure où sa volonté de donner la mort avait été plus forte que l'appel au calme et à la raison. Tuer, un geste irrépressible pour ce Monsieur qui avait un casier, et qui n’a jamais justifié de la provenance de son arme, ni d’un permis de détention, en dépit des demandes des services de police… Et de m’étonner que le parquet n’ait pas détecté plus de dangerosité envers un individu qui manque de maîtrise au point de refuser d'obtempérer à des policiers pour tuer...
- Mais mes remarques, bien que fondées, ou parce qu'elles étaient fondées, n'ont pas semblé du goût du parquet dont le rôle est pourtant de préserver l'ordre public.
- Quand on parle avec la Justice, c'est souvent un dialogue de sourds. La parquetière dans ses réquisitions a, par une acrobatie intellectuelle, estimé que le chien était errant, et qu'il ne répondait pas de ce fait aux impératifs de la prévention qui ne vise que « les animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité ». Et elle n’a pas requis de peine, sollicitant la relaxe sans en prononcer le mot…
Une demande inouïe, inattendue, qui faisait litière de mes remarques sur la dangerosité potentielle de l’individu qui devait être jugé, qui réhabilitait a contrario un comportement odieux et anti-citoyen. Une demande formulée avec un pseudo soubassement juridique pour paraître étayée, alors qu’il s’agissait de renier l’infraction, et de donner au prévenu une impunité face à un acte posé inquiétant. Mais la cause animale n’est pas la bienvenue dans les prétoires, elle encombre au pire, et divertit au mieux. Quelle misère, et quel dédain vis-à-vis de la mémoire de ce chien et la douleur de sa famille qui le pleure encore, alors que Lola la petite fille de la famille avait dessiné Sky dans son ciel !
Et pendant que le juge délibérerait, le prévenu gloussait, se pavanait dans la salle des pas perdus, content de lui, d'avoir donné la mort et d'être soutenu ainsi... C'était surréaliste. Le monde à l’envers. Pied de nez ultime, l’homme a demandé au tribunal de lui restituer son arme ! Le tribunal heureusement dans sa sagesse n'a pas déféré, ni suivi les réquisitions, mais a condamné de manière ultra légère, comme c'est si souvent le cas.
100 euros d'amende avec sursis
La peine répressive infligée a été de 100 € d’amende avec sursis. Minimaliste, dédaigneuse, une peine qui m’a fait honte. J’ai pensé à Sky longtemps après ce délibéré, il m’a poursuivi dans mes pensées, et il fallait que je couche ces mots, pour expliquer, pour en parler encore, pour vider l’abcès d’amertume.
Pauvre Sky. Ta famille te pleure, et la Justice a failli t'ignorer. Je continuerai mes plaidoiries pour rendre Justice aux animaux martyrs, maltraités ou tués par l'homme sans vergogne. Je poursuivrai même si les juges n’entendent pas souvent leur douleur ni leur droit à la vie. Pour eux, pour améliorer leur condition, pour faire valoir leurs droits. Le législateur a prévu des lois pour les protéger, même si elles sont perfectibles. Et même si je suis moquée parce que je parle du droit à la vie d’un chien d’un chat ou d’un cheval dans une enceinte de justice, sachez que j’arriverai à dissiper ces ondes polluantes et mesquines. Pour eux, et parce qu’ils sont tenus en esclavage par les hommes, alors qu’ils ne sont qu’amour et loyauté. Pour eux, j’irai plaider encore et encore, car ils n’ont pas de voix, et besoin d’être entendus.
Maître Isabelle Terrin
Avocate
Publié par : wamiz.com