HALTE AUX CHIENS HYPERTYPES
Halte aux chiens hypertypes :
il faut sauver le Bouledogue français !
Les « hypertypes », ce sont ces animaux de race dont les caractères morphologiques ont été exagérés pour plaire au grand public. Aujourd’hui, l’ordre des vétérinaires tire la sonnette d’alarme sur ce phénomène grandissant.
- Le Bouledogue français compte parmi les races préférées des Français, pourtant, nous alerte l’ordre des vétérinaires, il est en danger ! L’organisation lance une campagne pour lutter contre les chiens hypertypes. Cela concerne essentiellement les brachycéphales (Bouledogue français, Bulldog anglais, Boston terrier, Carlin, Shih Tzu...) ou les chiens à excès de peau (Sharpei, Mastiff…). Face écrasée ou plis excessifs entraînent une mauvaise qualité de vie, voire de graves problèmes de santé.
- En 100 ans, le crâne du Bouledogue français a été raccourci de 25 % par la sélection génétique… au point de transformer ce petit chien joueur en insuffisant respiratoire chronique. Comment en est-on arrivé là ? Comment redonner une bonne qualité de vie à toutes ces races que nous adorons ? Intitulée « Souffrir pour plaire, non merci ! », la campagne de l’ordre des vétérinaires contre les hypertypes se veut un électrochoc pour réveiller les consciences.
Chiens hypertypes : quand la mode fait mal !
C’est l’histoire de Pixie.
- Pixie est une adorable Bouledogue français blanche et noire d’un an. Sa bouille de bébé, sa gentillesse, son corps ramassé et ses mignons reniflements font la joie de ses maîtres, mais...
- Pixie ne peut pas courir, elle s’essouffle tout de suite (ses maîtres ne le savent pas encore, mais Pixie va devoir subir une intervention risquée et coûteuse pour respirer correctement).
- Pixie ronfle énormément, son sommeil (et celui de sa maîtresse) est de mauvaise qualité.
- Pixie se gratte beaucoup, les plis sur son nez et autour de ses oreilles et de sa queue sont sans arrêt rouges.
- Pixie a une espérance de vie de 10 ans, bien en dessous d’autres races du même gabarit.
- Pixie ne veut pas de chiots, mais, si elle en attendait, il est probable qu’elle devrait subir une césarienne...
- Pixie est un Bouledogue hypertype.
- Cela pourrait aussi être l’histoire de Django le Bulldog anglais, ou de Pépita la Carlin.
- L’engouement du public pour ces races à face plate a poussé les éleveurs à produire toujours plus d’animaux, au nez toujours plus écrasé, sans se soucier des conséquences sur leur bien-être ou même leur santé. Le recours à la consanguinité est monnaie courante et permet de changer la morphologie d’une race en quelques générations, tout en l’affaiblissant...
- Du côté des maîtres, il semblerait que ces derniers sous-estiment la piètre qualité de vie des chiens hypertypes. Pourtant, respirer avec des narines si serrées revient à essayer de respirer avec une paille !
-Chez les Brachycéphales, l’hypertype ou exagération des caractéristiques de la race (face plate, corps raccourci) entraîne différents problèmes de santé :
- Insuffisance respiratoire chronique
- Intolérance à la chaleur
- Risque anesthésique majoré
- Vomissements
- Douleurs dorsales voire paralysie
- Pyodermite des plis de peau (au niveau du nez ou de la queue)
- Les problèmes respiratoires et digestifs sont connus sous le nom de syndrome brachycéphale. 50 % des chiens à museau court ne respirent pas correctement. Dès lors, impossible de jouer ou de courir, ou de supporter de fortes chaleurs.
- Le traitement du syndrome brachycéphale implique bien souvent des opérations chirurgicales onéreuses : élargissement des narines et résection du voile du palais.
D’autres races comme le Sharpei sont aussi impactées par le phénomène. Certains chiots Sharpei doivent être opérés des paupières dans leurs premiers mois de vie. En effet, les plis excessifs de peau viennent frotter sur l’œil, entraînant des risques de cécité.
Et les hypertypes ne s’arrêtent pas aux chiens, les chats (les Persans par exemple) et même les lapins nains sont touchés par ces phénomène de mode.
Sauvons le Bouledogue français !
- Pour Pixie, il est malheureusement trop tard. Chirurgiens et dermatologues vont devenir ses meilleurs amis. Mais il est temps de faire bouger les lignes pour toutes les petites Pixie à venir. L’ordre des vétérinaires lance une campagne pour alerter l’opinion publique et sensibiliser les éleveurs et juges de concours canins aux problèmes des hypertypes.
- Son titre : « Souffrir pour plaire, non merci ! ». Car, cessons de nous voiler la face : un chien qui ne peut pas courir, ce n’est pas normal ! Un chien qui suffoque par 30°C, ce n’est pas anodin ! Un chien dont la queue est tellement tire-bouchonnée qu’elle s’infecte tout le temps, ce n’est pas une vie ! Les hypertypes souffrent pour nous plaire et il est temps de dire stop !
- L’académie vétérinaire, quant à elle, ne mâche pas ses mots puisqu’elle assimile l’hypertype à de la « maltraitance programmée ».
- Pourquoi les vétérinaires montent-ils au créneau ? Parce qu’ils sont en première ligne pour constater les dégâts de l’hypertype, le désarroi voire le désespoir des maîtres face aux soins contraignants ou coûteux, à leur peur de perdre leur compagnon à la moindre canicule. Au point que certains vétérinaires se demandent si les races brachycéphales ont un avenir...
- En Grande-Bretagne, la British Veterinary Association a fait campagne contre les hypertypes insuffisants respiratoires. Les naissances de Bulldogs anglais ont ainsi baissé de 7 %. Il ne s’agit bien sûr pas de faire disparaître ces races mais d’avoir des élevages de meilleure qualité. N’oublions pas que les Bulldogs anglais sont d’anciens chiens de combat et qu’ils n’avaient pas peur d’affronter des taureaux ! Le pourraient-ils de nos jours ?
- Entre autres mesures, l’ordre des vétérinaires préconise de faire passer des examens aux animaux reproducteurs. Des tests d’efforts pourraient être mis en place pour les Brachycéphales. Cela permettrait d’écarter de la reproduction les animaux trop typés. De même, les chiens hypertypes ne devraient plus être récompensés lors de concours canins ou servir de support pour des spots publicitaires.
Espérons que ce cri d’alarme saura réveiller les consciences et sauver notre Bouledogue français. Isabelle Vixège, Dr Vétérinaire
Publié par : wamiz.com